Dionysos

Pour revenir à l’accueil, cliquez sur la bannière ci-dessus.

Dieu du vin et de la fête

Origine

Dionysos est le seul dieu olympien né d’une mère mortelle : dès Homère et Hésiode, il est présenté comme le fils de Zeus et de Sémélé (Ζεμελώ / Zemelố, « terre » une ancienne déesse Terre), fille du roi de Thèbes Cadmos et d’Harmonie. Plus précisément, le récit de sa conception montre que Dionysos est né de la Terre frappée par la foudre, « la Terre Mère fécondée par l’éclair céleste du dieu Ciel », naissance caractéristique d’un Feu divin.
Poussée par Héra, jalouse, déguisée en sa nourrice et qui feint de refuser de croire que l’enfant que porte Sémélé est de Zeus comme elle le prétend, cette dernière demande à Zeus d’apparaître dans toute sa majesté pour prouver ses dires. Ne pouvant supporter sa vue, Sémélé meurt foudroyée, ce qui était le but d’Héra. Zeus tire alors son fils du ventre de sa mère et, s’entaillant la cuisse, y coud l’enfant pour mener sa gestation à terme. Ce récit de la gestation de Dionysos dans la cuisse de Zeus recouvre un noyau mythique très ancien : le feu allumé par la foudre est essentiellement « fils du Ciel ». Le Ciel est à la fois son père et sa mère tandis que la Terre n’a qu’un rôle passif dans l’opération.
Pour être soustrait à la vengeance d’Héra, il est confié à sa naissance, selon certains par Perséphone, à Ino, sœur de Sémélé, et à son époux, Athamas. Mais, découvert par Héra, qui punit Ino et Athamas en les rendant fous, Dionysos est alors transformé un temps en chevreau par Hermès sur ordre de Zeus, puis remis, sous la direction de Silène, aux nymphes d’un mont de Thrace, le mont Nysa, lieu mystérieux où les nymphes Hyades élèvent le jeune Dionysos, le « Zeus de Nysa », autre étymologie de son nom.

Faits d’armes

Dionysos vit une adolescence mouvementée. Selon l’Iliade, il est d’abord poursuivi par Lycurgue, puis est fait prisonnier par des pirates tyrrhéniens qu’il transforme en dauphins, et auxquels il n’échappe qu’en réalisant d’effrayants prodiges.
Selon Euripide, Dionysos installe son culte en Lydie, en Phrygie, en Perse et en Asie, et ne vient en Grèce qu’ensuite. Dans l’épopée Les Dionysiaques, où Nonnos de Panopolis fait la synthèse de plusieurs traditions concernant le dieu, Dionysos doit prouver sa valeur aux autres dieux de l’Olympe en commençant par conquérir les Indes. Il part avec une armée de bacchantes, de ménades et de satyres, et affronte de nombreux ennemis, dont il convainc une partie en leur faisant découvrir le vin.
En Grèce, le culte de lui-même que Dionysos installe excite d’abord les railleries. Il châtie les filles d’Argos près d’Éleuthères ainsi que Penthée, roi de Thèbes, pour cela.
Dionysos est revenu des Enfers avec sa mère, Sémélé, qu’il a arrachée au royaume des Ombres. Il la transporte dans l’Olympe grâce à Hestia qui lui cède sa place, où elle devient immortelle sous le nom de Thyoné.
Dionysos est, avec Apollon, un dieu qui se manifeste par épiphanies (apparitions) : éternel voyageur, il surgit par surprise. Il se présente toujours comme un étranger, courant le risque de ne pas être reconnu. Dans le panthéon grec, il est un dieu à part : c’est un dieu errant, un dieu de nulle part et de partout. À la fois vagabond et sédentaire, il représente la figure de l’autre, de ce qui est différent, déroutant, déconcertant, anomique :
Il est rarement associé à la gent olympienne. Il se contente de prendre part à la Gigantomachie, et négocie auprès d’Héphaïstos la libération d’Héra prise au piège par ce dernier.
Alors que Thésée a abandonné Ariane sur l’île de Naxos, Dionysos, qui passait par là, tombe amoureux d’elle. Il apparaît à Ariane, l’emmène sur l’Olympe et en fait son épouse. Elle est parfois vue comme la mère des Ménades. En cadeau de mariage, Dionysos aurait jeté sa couronne dans le ciel pour lui rendre hommage ; celle ci devient la constellation de la Couronne boréale. Ariane est ensuite divinisée et devient une personnification de la terre fertile.

Anecdotes croustillantes

Désireux d’aller rendre visite à sa mère aux Enfers, Dionysos demande l’aide d’un guide, Prosymnos, qui accepte de lui montrer le chemin en plongeant avec lui dans le lac de Lerne, qui communique avec le royaume d’Hadès. Ce plongeon est associé à de nombreux rites initiatiques en Grèce ancienne, généralement liés au passage de l’adolescence à l’âge adulte, et donc aussi aux amours entre un aîné (éraste) et un cadet (éromène). Prosymnos accepte ainsi d’aider le jeune dieu mais exige en échange que celui-ci, lorsqu’il serait de retour, lui accorde ses faveurs. Mais lorsque Dionysos revient des Enfers, Prosymnos, lui, est mort. Le dieu décide de tenir son engagement malgré tout : il taille un morceau de figuier en forme de phallus et s’acquitte de sa dette sur la tombe de Prosymnos. Clément d’Alexandrie, un apologète chrétien, rapporte ce mythe et voit en lui l’origine des phallus érigés en l’honneur du dieu dans plusieurs villes.

Dionysos